J’ai connu des moments de non-séparation.
Des instants où tout était là — clair, relié, silencieux.
Où il n’y avait plus ni dedans ni dehors, ni moi ni le monde.
Seulement un souffle, un mouvement, une évidence.
Certains appellent cela Samadhi. La non dissociation
D’autres, un état de Self régulé.
Peut-être est-ce la même chose, racontée par deux langages différents :
celui du corps, et celui de l’âme.
Un jour, cette ouverture est venue suite à une expérience de mort imminente.
Le corps effacé, la conscience dilatée,
et la sensation d’appartenir à tout ce qui est — et le savoir sans mots.
comme si la frontière entre la vie et ce qui la contient n’existait plus.
Il n’y avait ni peur, ni attachement.
Juste une paix vaste, indiscutable.
J’ai retrouvé ces états en méditant, avec le souffle, un jour puis un autre.
Mais j’en suis revenu.
Le corps, lui, n’a pas su garder ça.
Il est revenu à ses réflexes, à ses tensions, à ses peurs anciennes.
Il a repris ses habitudes de survie.
Je me demande souvent :
comment peut-on toucher à l’infini, puis continuer à vivre comme si de rien n’était ?
Comment une telle clarté peut-elle s’effacer du quotidien ?
Ou peut-être ne s’est-elle jamais effacée —
peut-être que c’est moi qui me suis refermé.
Aujourd’hui, j’apprends à reconnaître ce lien autrement.
Non plus dans l’extase ou l’oubli,
mais dans la lenteur du quotidien.
Dans le souffle qui se détend,
dans un regard qui se pose,
dans la possibilité de ne plus être sur le qui-vive.
Peut-être que la vraie voie n’est pas d’y retourner,
mais d’apprendre à y rester, ici,
au cœur même du vivant.



