Quand deux histoires se rencontrent
Il arrive que deux personnes se rencontrent avant de se connaître elles-mêmes.
Et dans cette rencontre, quelque chose d’ancien se rejoue.
Des mémoires qui ne parlent pas en mots.
Des gestes, des élans, des peurs, des intensités qui dépassent le moment présent.
Dans certaines relations, ce n’est pas seulement deux personnes qui se retrouvent.
Ce sont aussi les traces de ce qui les a façonnées.
Les héritages invisibles.
Les silences de l’enfance.
Les gestes qui n’ont jamais été nommés.
Pendant longtemps, j’ai cru que certaines émotions étaient excessives, injustifiées, disproportionnées.
Aujourd’hui, je comprends qu’elles venaient peut-être d’un autre temps.
D’un corps qui se souvenait avant moi.
La mémoire du traumatisme ne parle pas avec des images.
Elle parle avec le système nerveux.
Avec la façon d’approcher ou de se retirer.
Avec la manière de toucher, ou d’avoir peur de toucher.
Avec la manière d’aimer en se défendant.
Je ne cherche pas à réécrire ce qui a eu lieu.
Ni à expliquer.
Ni à excuser.
Je vois simplement que certaines relations ont été des miroirs.
Elles ont révélé ce que je ne savais pas encore regarder en moi.
Elles ont mis en lumière des zones silencieuses, héritées, ou non intégrées.
Et aujourd’hui, je peux les regarder avec une autre qualité de présence :
moins de confusion,
moins de charge,
plus de compassion.
Ce n’était pas une erreur.
C’était une rencontre de deux histoires.
Avant que l’une et l’autre apprennent à se reconnaître.



