Je vis peu au présent.
Souvent en anticipation de demain.
Même si aujourd’hui, le confort s’installe,
même si la confiance se glisse doucement dans ma vie, une quête de sécurité demeure, en toile de fond.
Comme un vieux réflexe, un vieux programme.
Une vigilance automatique.
Une tension de fond.
Pas affligeante. Mais constante.
Quitter les fantômes du passé n’est pas qu’une image.
C’est un travail du corps. De l’être.
Car ce passé n’est pas toujours un souvenir.
Parfois, il est un état :
un état d’incertitude,
de prudence,
de doute vis-à-vis de l’instant.
Ce n’est pas un caprice.
C’est peut-être l’effet d’un trauma — pas forcément visible, mais vécu dans les fibres du corps.
Enregistré dans les cellules, les tissus.
Un état de protection qui se prolonge,
même quand le danger n’est plus là aujourd’hui.
Alors je me demande :
Suis-je hier ? Maintenant ? Demain ?
Où est-ce que je vis vraiment ?
Et si la « réalisation de soi » ne pouvait se faire qu’ici, maintenant,
comment fait-on quand le corps, lui, continue à croire qu’il faut encore se méfier ?