En apparence, j’ai tout.
J’ai tout ce dont je rêvais : du confort, de la sécurité, de l’amour.
Une vie confortable, alignée avec mes besoins. Je suis entouré d’amour, accompagné par une femme présente, compréhensive, aimante. Je mesure la chance d’échapper à d’autres réalités, bien plus dures : précarité, solitude, maladies.
Alors, pourquoi ce paradoxe en moi ?
Pourquoi ce sentiment insaisissable, désagréable ?
Ce vide, ce manque d’envie ? Cette envie de tout changer ? De partir encore, découvrir, expérimenter sans fin ?
Suis-je simplement allergique à la conformité ?
Est-ce une quête insatiable de sensations nouvelles ?
Est-ce que quelque chose en moi refuse le confort ?
Ou est-ce plus profond ?
Peut-être est-ce lié à cette sensation d’absence que je porte depuis toujours, quelque chose en moi qui cherche constamment un ailleurs, une autre vie, une autre peau, pour se sentir exister.
Lors de mes premiers longs voyages, je me plaisais de « repartir à zéro » dans mes rencontres sociales.
Je percevais l’opportunité de voir ma vie sous un autre angle, de la ré-inventivité même.
Je suis heureux, mais il y a ce fond qui ne l’est jamais totalement.
Cette faim subtile, cette soif d’intensité, ce besoin permanent de mouvement et de nouveauté, qui finit par me faire douter de moi-même.
Je ne sais pas encore exactement ce que cela révèle de moi.
Mais peut-être que vivre, c’est apprendre à porter ce paradoxe sans chercher à le résoudre immédiatement.
Le reconnaître, l’accepter, sans jugement.
Pourquoi cette quête constante d’expériences, qui finissent toujours par me sembler futiles ?
Peut-être qu’il ne s’agit pas d’une erreur, ni d’une faiblesse.
Peut-être que c’est autre chose.
Une part de moi qui refuse de s’endormir dans la routine confortable.
Une part qui cherche, maladroitement parfois, à se sentir plus vivante, plus vraie.
Je n’ai pas encore la réponse.
Mais poser la question est peut-être déjà un début de réponse.