Chère famille,
Aujourd’hui, je ressens le besoin de partager avec vous quelque chose d’important. Ce n’est pas un message facile à écrire, mais je crois qu’il est essentiel d’exprimer ce qui me traverse, afin de ne plus porter seul ce poids qui, je le comprends maintenant, ne m’appartient pas entièrement.
Depuis plusieurs mois, je suis accompagné en thérapie. Ce travail sur moi-même m’a mené à une réflexion profonde sur mon histoire et sur certaines souffrances que je porte depuis longtemps, sans jamais en comprendre l’origine. Ma thérapeute et moi avons exploré des éléments qui laissent fortement penser que j’ai pu être victime de maltraitance et d’abus sexuels étant bébé, bien que je n’en aie aucun souvenir conscient.
La mémoire implicite retient des fragments de souvenirs mais qui ne peuvent pas être mis en mots ou racontés comme une histoire qui a un début, un milieu et une fin.
Au départ, j’ai rejeté cette idée.
Cela me paraissait impossible. Mais plus j’observe ma vie, mes difficultés avec l’attachement relationnel, mes stratégies de dissociation, mes anciennes addictions et mes réactions émotionnelles, plus certaines choses trouvent une explication. Je ne cherche pas à pointer du doigt ni à accuser qui que ce soit, mais simplement à donner du sens à mon parcours et à sortir du silence.
Je ne suis plus en-quête de savoir qui, comment, quand…Comme je l’ai été récemment. Aujourd’hui je fais de la place a l’intérieur pour accueillir, laisser venir sans attendre ni chercher.
Ma mère n’est plus là pour m’entendre, mon père ne l’a jamais été. Les grands-parents sont partis…
Je sais que ce genre de sujet peut être troublant, voire difficile à entendre. Ce que je veux avant tout, c’est ouvrir un espace de parole, sans attentes particulières, mais avec le souhait profond que nous puissions ensemble regarder les choses en face, sans honte ni peur.
Les silences et les non-dits pèsent dans les mémoires familiales, et j’aimerais, à ma manière, contribuer à une forme de libération et de guérison. Les secrets de famille ne nourrissent pas les individus ni le collectif. Les hontes, les drames inavoués vivent quand même dans le Coeur de ceux qui les portent même en silence.
Je ne demande pas de réponse ni de réaction. Juste que vous receviez ces mots avec bienveillance et ouverture. Si certains d’entre vous ressentent le besoin d’en parler, je suis prêt à échanger dans un cadre respectueux.
Merci de prendre le temps de lire ces lignes.
Avec sincérité et affection, A.