En arrière-plan de mes gestes quotidiens, une question me traverse.
Depuis que j’ai lu Le corps n’oublie rien de Bessel van der Kolk,
je me demande si ce livre éclaire véritablement des zones de mon histoire…
ou si je suis en train d’endosser, presque malgré moi, un rôle.
Celui du “traumatisé qui comprend enfin”.
Je reconnais certaines descriptions.
Je me vois dans certains comportements évoqués.
Mais parfois, je doute :
Est-ce mon vécu qui résonne ?
Ou est-ce mon mental qui cherche une explication à ce que je ne comprends pas encore ?
Est-ce que je suis en train d’incarner un stéréotype ?
Est-ce que je rejoue un script thérapeutique au lieu d’écouter ce qui est vraiment là, en moi ?
Il y a là quelque chose de très subtil.
Car oui, ce livre m’ouvre des pistes.
Il met des mots sur des sensations anciennes.
Mais il m’arrive aussi de me demander si je ne suis pas, par endroits, en train de me glisser dans une histoire pré-écrite, comme on entre dans un costume qu’on croit taillé pour soi.
Est-ce de la lucidité… ou une nouvelle manière de fuir l’inconnu ?
Et parfois, j’ai peur de me perdre dans un costume trop bien coupé.
D’entrer dans une histoire qui n’est pas tout à fait la mienne,
parce qu’elle me donne l’illusion d’une explication.
Alors je reste là, entre les deux.
Entre reconnaissance et prudence.
Entre intuition et méfiance.
Je n’ai pas encore la réponse.
Mais je crois que poser la question, déjà, m’ancre dans mon propre chemin.
Celui qui ne cherche pas des explications toutes faites, mais qui tâtonne, ressent, écoute.
Pas pour coller à un modèle.
Mais pour sentir ce qui est vraiment mien,
même si c’est flou, mouvant, ou en dehors des cadres.