Ce moment précis.
Je m’assois dans la voiture.
Je ferme la portière.
Et tout devient plus sourd.
Le monde extérieur se voile —
comme si l’air lui-même devenait plus épais, plus doux.
En quelques secondes, quelque chose descend en moi.
Un relâchement imperceptible.
Un flottement.
Une impression difficile à nommer…
Mais qui revient à chaque fois.
Le confort du siège.
Le silence étouffé.
Le cadre rigide de la carrosserie autour de moi.
Et là, dans ce cocon de tôle et de verre,
je me sens… presque chez moi.
Peut-être est-ce cela, au fond : un abri.
Un endroit où personne ne m’attend.
Où je n’ai pas besoin de répondre à quoi que ce soit.
Je suis seul,
mais pas en manque.
Je suis immobile,
mais pas prisonnier.
Peut-être que je me sens libre,
justement parce que je pourrais partir.
Sans destination.
Sans justification.
Fuir ?
Peut-être.
Mais pas une « fuite panique ».
C’est plus subtil.
Un écart.
Un espace à part.
Un endroit entre le dedans et le dehors,
entre le monde et moi,
entre ce que je ressens et ce que je montre.
Quand je suis dans la voiture, moteur éteint,
je ne fais rien.
Mais j’existe.
Je respire mieux.
Je m’accorde un instant à moi.
Sans personne à protéger, sans masque à porter.
Juste un battement d’air, un souffle à moi,
dans une boîte sur roues.
Ce n’est pas “juste une voiture”.
C’est un sas.
Un abri mobile.
Un seuil invisible entre mon monde intérieur et le reste.