Souvent, je me questionne encore aujourd’hui.
Je me demande comment j’ai aimé.
Et si j’ai vraiment pu aimer — sincèrement, authentiquement, entièrement.
Est-ce que c’était vrai ? Ou est-ce que je jouais quelque chose sans le savoir ?
Mon modèle, c’était le couple parental, peu flatteur.
Et un peu les films américains, ces romances d’adolescents idéalisées, calibrées, irréelles.
À l’époque, en les regardant, je ne comprenais pas.
Comment pouvait-on croire qu’on pouvait se tromper d’amour ?
Que ce qu’on prenait pour de l’amour… ne l’était pas vraiment ?
Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi cette idée me dérangeait.
Peut-être qu’elle m’effleurait déjà plus jeune.
Peut-être qu’elle parlait de moi, sans que je le sache encore.
Aujourd’hui, je comprends mieux.
Je comprends que ce genre de confusion ne vient pas d’un manque d’intelligence,
mais souvent d’un mécanisme de survie plus profond : la dissociation.
– Être là, mais pas vraiment
Dans mes relations, il m’est arrivé d’être là, sans être totalement présent.
D’aimer avec des gestes, des mots, de la tendresse apparente…
Mais en dedans, une partie de moi restait à distance.
Comme protégée. Ou absente.
Je pouvais être engagé, attentionné, sincère dans l’intention…
Mais dissocié dans le ressenti.
C’est ça, la dissociation dans la relation :
-
C’est aimer avec une partie de soi, pendant que l’autre partie s’éloigne.
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C’est être dans le lien, mais en retrait émotionnel.
-
C’est jouer un rôle appris — rassurant, acceptable — sans sentir ce qu’il se passe vraiment à l’intérieur.
¿ Alors, ai-je aimé
Oui. D’une certaine manière.
Avec ce que j’avais.
Avec les outils, les peurs et les limites de l’époque.
Mais ce que je découvre aujourd’hui, ce n’est pas un jugement sur mes relations passées.
C’est une prise de conscience :
Que l’amour profond, l’amour présent, demande qu’on rentre entièrement dans la pièce.
Pas seulement avec le cœur. Mais aussi avec le corps. Avec la mémoire. Avec l’histoire.
Et ça, parfois, ça demande du temps. Et de la sécurité.
Et un désapprentissage profond de ces rôles qu’on a cru être nous.